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Plumes croisées (première partie)

"Avec plaisir, mais d'ici là, que penserais-tu qu'on s'amuse un peu sur cette messagerie. J'ai besoin de me détendre ce soir..."

À la lecture du message son sang ni fit qu'un tour. L'excitation l'envahit immédiatement. Elle lui proposait maintenant un échange qui s'annonçait des plus sulfureux. Il osait à peine y croire.

Il réalisa alors que ça pourrait devenir une de ses plus belles œuvres, écrite à deux plumes avec celle qui l'avait inspiré depuis le début.


Aussi loin qu'il s'en souvienne, et malgré une sexualité plutôt épanouie, il avait toujours gardé un attrait pour la masturbation. Il considérait ça comme la partie personnelle et réservée de sa vie et rares avaient été les compagnes auprès desquelles il s'en était ouvert. Il y trouvait un plaisir complémentaire, bien différent des relations habituelles et cela convenait très bien à son mode de vie quasi nomade.

Il avait bien sûr longuement fréquenté les sites pornographiques pour y puiser son inspiration mais avait rapidement trouvé que l'industrie de la pornographie portait justement bien son nom. Et rien dans la notion d'industriel ne lui paraissait excitant. Il s'était alors progressivement orienté vers la littérature spécialisée. Mais là encore les premiers contacts avaient été décevants. Tant d'auteurs s'y répandaient en fantasmes tous plus caricaturaux les uns que les autres, pour ne pas dire pathétiques. Là où certains voient une forme de masculinité toxique, lui n'y trouve que l'expression débridée d'impuissantes frustrations. Certains des auteurs auraient plutôt fait de bons personnages de polars. Mais pas dans le bon rôle.

Puis il avait découvert Brume. Brume, c'était le pseudo sous lequel elle publiait ses nouvelles sur internet. Brume était une auteure. Et c'est ce qui faisait toute la différence. Il retrouvait dans ses écrits la justesse et la sensibilité qui l'enivrait tant chez les femmes. Ses personnages n'étaient pas les objets sexuels trop souvent livrées par un auteur à la perversité de ses lecteurs. Elles étaient vraies, elles étaient authentiques et c'est ce qui l'excitait le plus.

Il avait longuement dévoré tous ses récits. Ceux-ci l'avaient accompagné dans ses moments de détente solitaire. Il appréciait tellement se masturber en lisant et relisant les passages les plus torrides. Régulièrement, il tentait de se signaler en cliquant sur le petit "like" en bas du texte, ou en publiant un commentaire avenant.

Peu à peu, Brume avait gagné une place grandissante dans ses désirs et dans ses plaisirs. Et il s'était même aperçu que ce qu'il lisait et en retirait de ses lectures avait infusé dans ses relations avec les partenaires. Pour leur plus grand plaisir généralement.


Il lui était alors venu l'idée d'écrire à son tour. Profitant de ses nombreux voyages et des longues soirées passées seul dans des chambres d'hôtel, il avait commencé à publier de courtes nouvelles. Se prenant rapidement au jeu, il y puisait une toute nouvelle source d'excitation qui nourrissait ses fantasmes. Fantasmes qui venaient alimenter ses récits à leurs tour. Il était fier de pouvoir lire certains de ses textes juste à côté de ceux de Brume.

Ses nouvelles eurent assez rapidement un petit succès, ce qui l'amusait et l'encourageait à la fois. Ce qui lui apportait le plus de fierté toutefois était de lire les commentaires positifs de lectrices.

Jusqu'au jour où il reçut un message de Brume elle-même. Celle-ci lui disait qu'elle appréciait beaucoup son style et qu'il était très proche du sien. Ce fût certainement la plus belle des récompenses qu'il pouvait recevoir. Il s'appliqua alors à lui écrire une réponse où il la remerciait chaleureusement sans oublier de mentionner qu'elle avait toujours été une source d'inspiration pour lui.

C'est ainsi qu'ils commencèrent à échanger régulièrement. Partageant leurs idées, leurs conseils et leurs expériences. Il lui demandait son point de vue sur certaines pratiques et s'attachait à recueillir le maximum de détails sur le ressenti féminin dans telle ou telle situation. Nécessairement, les discussions devinrent de plus en plus précises et intimes. Une réelle tension sexuelle s'était installa entre eux.

Lorsque un soir, il avoua qu'il se masturbait souvent en lisant ses écrits et à quel point il aimait ça, elle en parut flattée et n'hésita pas un instant pour lui avouer qu'elle faisait de même de son côté.

C'est alors qu'il lui proposa qu'ils se rencontrent un jour dans la vraie vie.


"Avec plaisir, mais d'ici là, que penserais-tu qu'on s'amuse un peu sur cette messagerie. J'ai besoin de me détendre ce soir..."

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