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La preuve - Thomas (5)

Il vient de sa grand-mère ! Pas d’un fiancé. Et les catherinettes, si je me souviens bien, cela veut dire que la demoiselle est libre comme l’air !

Je la quitte, euphorique : pas de concurrence à craindre, la vie est belle. Je vais m’amuser follement pendant le déjeuner et lui montrer combien le jeu de « cinq à sept » pourrait être un pur délice entre nous. Enfin, si je ne me trompe pas sur ses intentions. Son attitude me laisse penser qu’elle ne serait pas contre et je ne vois pas pourquoi je me refuserais ce plaisir, je ne suis pas égoïste et je veux le partager avec elle. Je lui lance un ultime regard avant que la porte de l’ascenseur se referme, elle se dirige dans le salon, prête à siroter un verre que je lui ai proposé de prendre pendant que je me change.

La cabine est source d’imagination de scènes dignes d’un cinéma loin de la catégorie « arts et essais » et le ding de l’appareil me rappelle qu’il n’est pas encore l’heure de me mettre dans la peau du réalisateur. Je parcours un long couloir et parviens enfin devant ma chambre, qui après un premier coup d’œil à l’intérieur, m’indique que c’est une suite.

Antoine a bien fait les choses, elle est superbe. Je dépose mes sacs sur le porte-bagage et sors mes fringues pour les détendre sur les cintres. Tout en me déshabillant, je visite les pièces et louche du côté du lit qui est d’une taille incitant à plusieurs péchés capitaux, celui de la luxure en particulier. Mon esprit s’échauffe encore et envisage Ariane onduler sous mes paumes. Je me vois plonger entre ses cuisses, embrasser son sexe comme j’embrasserais sa bouche, puis remonter jusqu’à ses seins pour mordiller ses pointes, les sucer comme un mort de faim. Ma main me démange et plaque ma verge, mais mon cerveau gagne le bras de fer. Pas le temps. Ariane m’attend.

Je me précipite vers la douche, l’eau chaude me fait un bien fou, mais ne calme en rien mon envie de découvrir ce que cache la belle sous sa robe. Et pas seulement cela. Le déjeuner va me permettre d’en savoir plus, je ne connais rien d’elle hormis son prénom.

Je m’habille en vitesse d’un jean et d’un pull, noirs, puis quitte ma suite, bien décidé à y revenir avec elle, dans mes bras.

L’ascenseur est d’une lenteur exaspérante et je n’attends même pas que les portes s’ouvrent entièrement pour sortir. Je marche vivement vers le salon où Ariane patiente, assise dans un fauteuil confortable, une coupe de champagne à la main. Tiens, elle a troqué ses bottes par des ballerines. Très jolies. Elle ne me voit pas venir, occupée à épier un couple non loin d’elle. C’est vexant.

— J’ai fait aussi vite que j’ai pu ! Ariane ?

Elle ne me calcule même pas, fascinée par l’homme et la femme. Je reconnais le mec, c’est un de mes auteurs préférés et sa compagne est sa muse au charisme de fou, mais bon, je suis là quoi ! Je lui prends le coude.

— On y va ?

Elle sursaute et renverse un peu de champagne sur sa main. Sans réfléchir, je m’incline pour lécher les gouttes sucrées sur son poignet. Je l’entends manquer une respiration.

— Ça chatouille, murmure-t-elle.

Son visage est un peu rose. Est-ce du plaisir ou de la gêne ? J’opte pour le premier. Un maître d’hôtel nous accompagne à notre table et pas de bol pour moi, le couple s’installe à celle d’en face, heureusement cachée par des hautes plantes vertes. Nos coupes de champagne sont à nouveau remplies, je lève mon verre et attaque.

— Rangez votre spray au poivre et parlez-moi de vous.

— Vous venez de me lécher la main, on peut se tutoyer, non ?

Je suis entièrement d’accord. Ça rapproche et je ne demande que ça. Elle réfléchit quelques secondes, puis me raconte sa vie en quelques mots. Je comprends qu’elle est célèbre comme le loup blanc dans la région et qu’elle aime ce qu’elle fait, qu’elle est anciennement parisienne, et qu’elle est effectivement libre comme un oiseau. Elle m’interroge à son tour.

— Tu avais l’air surpris en entendant mon prénom. Connais-tu d’autres Ariane ?

Intéressante sa question : aurais-je piqué sa curiosité ?

— Si j’ai réagi ainsi, c’est parce que ce matin, je me suis pris pour Thésée perdu dans son labyrinthe pleurant après son Ariane. Alors forcément...

— Vraiment ? Comme c’est étonnant, me dit-elle un brin moqueur, haussant les yeux au ciel. Elle poursuit et s’enflamme.

— Autant te prévenir tout de suite, cette Ariane-là est le contraire de moi. C’était une gourde crétoise qui s’est fait avoir par un abruti qui lui en a préféré une autre et l’a laissée mourir de désespoir sur une île déserte. À sa place, j’aurais choisi le Minotaure sans hésiter.

Elle me fixe de ses magnifiques yeux et lève sa coupe à ses lèvres dans un geste qui ne tremble pas, contrairement à moi. Je respire plus fort et lui renvoie son regard : serait-ce un message ?

— D’accord, Thésée était un connard, mais le Minotaure, c’est tout de même un peu… sauvage, bestial, non ?

— J’aime quand l’animal prend le dessus parfois et obéit à ses instincts. Tout comme lorsqu’un homme se lâche sans pour autant redevenir celui des cavernes.

— Du genre défoncer des barrières, détruire des portes, arracher des verrous pour parvenir à ses fins ?

Elle fixe mes lèvres légèrement humides.

— Ou simplement retirer des clés, c’est bien d’épier à travers la serrure. On ne voit pas distinctement, on devine les silhouettes et leurs mouvements au son de leurs soupirs. Tout est suggéré, rien n’est interdit et l’imagination fait le reste.

Je peux lire dans son regard bouillant toute la concupiscence que je lui inspire. Je tente d’en savoir plus.

— Es-tu en train de me décrire un de tes fantasmes ?

— D’après toi ?

J’avoue qu’elle me cloue sur place. Que dois-je faire ? Aller dans son sens ou bien la titiller à petites piques pour mieux la plier sous mes mains ? J’aime bien cette dernière option.

Elle se lève brusquement de sa chaise. Je recule d’instinct, pensant qu’elle va me sauter dessus devant tout le monde.

Ah… non.



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