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La preuve - Thomas (4)

Je ne sais pas comment je fais pour rester aussi calme. Malgré le froid qui entre dans mes pores, je suis en feu. Assise face au volant, le ciré ouvert sur une robe qui me confirme bien qu’elle ne porte rien d’autre, cette femme me rend fiévreux. Ses mollets flottent dans les bottes et lui donnent une allure dégingandée ; je résiste à l’envie d’y glisser mon pied pour combler le vide. Je n’aurais jamais pensé que des caoutchoucs pouvaient être si érotiques. Elle écarte légèrement ses jambes pour embrayer et accélérer, je louche vers ses cuisses que sa robe dévoile un peu. Sa peau est délicatement recouverte de chair de poule. Que ne donnerais-je pour y poser ma bouche et la réchauffer. Elle conduit bien, une main sur le volant, l’autre sur le levier de vitesse qu’elle empoigne fermement.

Mon cerveau divague : la tige se transforme en une queue que je reconnais bien puisque c’est la mienne. La paume enveloppe le bout, le masse légèrement, des doigts effleurent le cylindre, descendent et montent, griffent d’impatience, puis se referment brusquement pour choisir la vitesse. Je sursaute. Elle m’a toujours en prise, ne me lâche pas, je sens la chaleur de sa peau contre la mienne, c’est divin et je me contiens de gémir pour ne pas me trahir. Je ne peux refréner mon envie de lui imposer mon rythme. Je veux qu’elle aille plus vite, qu’elle me serre plus fort et qu’elle se penche pour m’avaler. J’imagine sa langue s’enrouler autour de mon gland, lécher la veine qui court sur mon membre, ses dents le frôlent, la peur de la douleur excite mon plaisir, elle gronde un peu et la vibration me fait grimper aux rideaux, elle m’aspire, me suce comme une gourmande et je me déhanche pour mieux m’enfoncer dans sa bouche brûlante et savante. Et j’arrête mon délire parce que je suis à deux doigts d’éjaculer. Merde. Merde. Merde.

Je me tortille pour sortir un mouchoir et essuie mon visage, en sueur. J’espère qu’elle ne s’aperçoit de rien sinon je risque de me prendre une giclée de poivre. Une giclée... oh, non...

Je suis droit comme un « i », le dos raide et ma verge aussi. Un léger déportement me ramène à bord. Je la regarde, surpris. Elle a les pommettes rouges et je devine des petites gouttes sur son front. De pluie ou de sueur ? Je profite du fait qu’elle se concentre sur la route pour la détailler plus à mon aise. Oui, ce sont bien des perles de suée qui brillent sur son visage. Le chauffage est à fond, certes, mais pas au point d’avoir les joues en feu, ni les lèvres entrouvertes et encore moins ces soupçons de frissons qui courent sur ses cuisses.

Tiens donc. Je ne suis pas le seul à errer sur les sentiers de la perdition. Je n’ai pas rêvé non plus lorsque la belle a failli m’arracher un baiser avant de se raviser. À quoi pensait-elle alors ? J’aurais volontiers répondu à son désir, voire plus. Cette petite machine roulante offre de délicieuses perversités que la tempête et la désertion humaine m’autorisent. Pourquoi nous en priverais-je ? Au premier feu rouge, je tente l’aventure !

Un éclat brillant me titille la rétine.

Ah. J’avais oublié. Diamant. Fiancé.



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