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La preuve - Thomas (3).

J’ai oublié mes papiers ! J’ai cherché comme un fou partout dans la voiture, mais rien : mon portefeuille est resté à Paris dans le blouson en cuir que j’ai délaissé sur la patère, changeant d’avis au dernier moment pour préférer mon imper. Décidément, ce n’est pas mon jour. Esprit bienveillant pour les sportifs, ramène tes fesses vite fait et s’il te plait, fais que la beauté fatalement inaccessible me croie.

Je suis vraiment à l’ouest, cette femme me fait faire n’importe quoi. Je la vois dans mes draps et je ne sais même pas comment elle s’appelle. Si ça se trouve, c’est une mante religieuse qui bouffe ses mâles. Elle n’a pas hésité une seconde à me balancer sa bombe à la figure. Je l’imagine en amazone, guerrière, à califourchon sur un cheval, les jambes écartées et... Je m’égare.

Une fois de plus, je n’ai pas le choix. Je prends mon sac de fringues et celui où je range mes épées avec tout mon équipement et tenues adéquats, je cours aussi vite que je peux vers la maison tout en concoctant un plan pour l’amener à accepter de m’aider et je maudis le ciel de me renverser ses seaux d’eau sur la tête. J’entre en trombe sans frapper, l’air confiant alors que je n’en mène pas large. Elle regarde ma housse et pâlit légèrement. Je la rassure.

— C’est mon sac de sport. J’ai trois épées et mon matériel dedans. Je peux vous montrer, si vous voulez ?

Ses yeux semblent effrayés et elle me toise, méfiante. Je réalise que ce que je viens de lui dire peut effectivement faire peur. Je viens de lui annoncer ni plus ni moins que j’ai de quoi l’embrocher. Malin. Très malin.

— Ne vous avisez pas de l’ouvrir, me dit-elle en brandissant le spray au poivre. Où sont vos papiers ?

J’expire longuement. Elle ne va rien lâcher. Je lui explique que mon portefeuille dort à Paris et lui propose une alternative.

— Vous m’emmenez à l’hôtel, j’appelle mon ami Antoine, le président du salon, et vous aurez votre preuve. De toute façon, vous ne risquez rien puisque vous avez votre arme. Au moindre geste équivoque de ma part, vous m’aspergez.

Elle se lève et me jauge du haut de sa petite taille. Elle retire une de ses ballerines et sonde mon sac de son pied dénudé. Ses ravissants orteils glissent tout le long, se recroquevillent sur le nylon noir. Je ne sais pas pourquoi, je la vois faire la même chose sur ma queue et je respire fort tout à coup. Purée, cette femme me rend lubrique. Elle remet sa chaussure, puis prend sa décision.

— D’accord. Je vous fais confiance. J’espère que je ne le regretterai pas.

Je souffle, soulagé et surpris qu’elle lâche si vite l’affaire. Peut-être m’a-t-elle enfin reconnu ?

— Je vous assure que non. J’irai même jusqu’à vous apprendre quelques gestes basiques et vous proposer une démonstration, si vous le souhaitez.

— Nous n’en sommes pas encore là. Je vais chercher un ciré et des bottes.

Je souris et la regarde monter à l’étage. J’ai droit à une chance, je ne vais sûrement pas la gâcher. J’adorerais l’initier aux rudiments de mon noble sport, un fleuret à la main et cela me fait un effet terrible. Parce que je la trouve de plus en plus désirable dans cette robe rouge qui lui moule le corps comme une seconde peau et si j’en juge ce que mes yeux ont repéré, elle ne porte rien en dessous, ni en haut ni en bas. Je n’ai vu aucune ligne de démarcation et cela m’excite. J’imagine m’approcher derrière elle, lui manier le poignet pour bien tenir l’épée, baisser sa garde et en profiter pour sentir la légère épaisseur au niveau de son pubis. Je vois mes doigts s’aventurer sous le lainage, glisser sur ses cuisses veloutées, griffer doucement la soie noire et chercher à en savoir plus. Sa peau est blanche. Le contraste est saisissant. Rien que cette vision me fait durcir. J’ai envie d’elle. Il y a longtemps que j’ai eu de telles pulsions et il va falloir que je me calme, une fois de plus. Je ne suis pas un satyre, je ne suis pas un pervers, je ne suis pas un salaud. Je suis juste un homme qui tombe en pâmoison et qui a une bonne idée de ce qu’il veut. Elle sous moi, au-dessus de moi, contre moi. Partout autour de moi, peau contre peau sans laisser un seul espace entre nous.

Ce n’est pas comme ça que je vais diminuer ma libido et surtout ramener ma verge à sa niche ! Allez, mantra bis : « diamant, bague, fiançailles, mec aux alentours, au secours… »



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