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Photo du rédacteurAriane Frontezak (ex Jeanne Malysa)

La preuve - Ariane (6)

Il hésite ? Je lui fais peur ? Pourtant, il a eu des gestes équivoques tout à l’heure. Il a changé d’avis ? Très bien, je prends les rênes !

Mue par un sentiment impérieux, je me lève et me dirige vers le couple que j’ai reconnu et dont la table est cachée par de hautes plantes, probablement pour garder une certaine intimité. Je sais que ces deux-là m’aideront à aboutir à mes fins parce que je connais leurs jeux, je les suis sur tous les réseaux et ne manque jamais de lire leurs œuvres dès leur parution. Je ne doute pas un instant de leurs conseils pour parvenir à ce que le beau Thomas tombe dans mes bras le plus vite possible.

— Bonjour, je suis une fan de la première heure et je suis heureuse de pouvoir vous exprimer mon admiration. Encore plus depuis que votre muse vous accompagne, Monsieur Gaspard Sybar. J’espère que vous me pardonnerez mon intrusion, mais dès que je vous ai vus, j’ai été impatiente de vous saluer.

L’auteur, reconnu comme un maître de la littérature érotique, me regarde attentivement, ni blasé ni excédé et se lève par courtoisie pour accepter ma main tendue. Sa compagne s’en amuse et ne dit rien.

— Je suis flatté. Vous ne nous dérangez pas le moins du monde, n’est-ce pas Marianne ?

— Bien au contraire. Votre enthousiasme me fait chaud au cœur et j’aime beaucoup votre spontanéité.

Cette femme a un sex-appeal incroyable, d’ailleurs le plus farouche des libertins s’est pris dans ses filets. Thomas me rejoint. À mon grand étonnement, c’est Sybar qui le salue :

— Je suis heureux de pouvoir vous serrer la main, Monsieur Bastin. Votre dernier duel m’a littéralement bluffé.

— Votre style sur la piste m’a fascinée. J’ai regardé tous vos combats sans jamais m’en lasser, rajoute Marianne.

Évidemment, Thomas est sous le charme. Qui ne le serait pas, mais bon, je suis là, quoi !

— Merci, je vous retourne le compliment. Je suis un lecteur assidu et si j’avais su, j’aurais apporté votre livre récemment paru qui m’a échauffé les sens.

Il connaît Sybar ? Il aime aussi ce genre-là ? Peut-être n’aurais-je pas besoin d’eux, tout compte fait.

Gaspard et Marianne entament une discussion muette. L’auteur fait un large geste englobant sa table.

— Pouvons-nous vous inviter ?

J’hésite à répondre. Thomas également. Marianne insiste.

— Rassurez-vous, c’est purement intéressé.

Nous sommes deux à hausser les sourcils. Gaspard développe.

— Nous ne sommes pas d’accord sur une scène que je veux inclure dans notre futur roman. Un avis extérieur ne serait pas de trop et nous serions heureux d’avoir le vôtre. Cela vous tente ?

Comme des préliminaires, en quelque sorte, me dis-je en aparté. Je suis partante ! Je leur offre un large sourire en guise de réponse. Thomas me suit. Le maître d’hôtel arrange nos couverts. Nous faisons face au couple et ma chaise colle celle de Thomas. Il prend notre commande et je passe à l’offensive.

— Je me réjouis d’avance à l’idée de vous aider. Vous nous situez le contexte ?

— L’histoire est racontée par un homme qui est fou de la femme qu’il convoite. C’est une première fois entre eux. Ils se connaissent à peine, mais l’alchimie a fait son travail : ils n’ont pas eu besoin de plus de temps pour s’enrouler dans les draps. Quand l’amour s’en mêle, le cerveau agit sur le corps bien avant l’esprit. Je vous propose de le lire tout haut afin de mieux vous en imprégner.

J’observe la salle pleine de monde, nous sommes à l’abri de tout regard curieux. Je soupçonne Gaspard de l’avoir fait exprès.

Marianne a un joli rire. Elle se penche vers nous, l’œil taquin.

— Ces plantes font bien les choses, n’est-ce pas ? Gaspard et moi demandons toujours un coin où nous pouvons déjeuner en paix. Nous avons souvent des idées qui nous viennent à brûle-pourpoint et, parfois, nos envies de passer à la pratique ne souffrent pas d’attendre. Est-ce que vous comprenez ce que je veux dire ?

Je déglutis. Thomas aussi, à voir sa pomme d’Adam monter et descendre. Mon Dieu, ce couple est torride à souhait. Nous discutons librement, ils se livrent à nous sans tabou ni gêne. Ce sont des épicuriens et rien ne les lasse. Ils sont profondément amoureux l’un de l’autre et pourtant, ils papillonnent de droite à gauche, mais toujours ensemble. Ils nous racontent des scènes truculentes, celles où le seul mot d’ordre est de jouir. J’avoue rougir par moment, Thomas s’en amuse.

Il n’est pas non plus indifférent et me le prouve. Son pouce glisse sur ma main, sa cuisse se presse contre la mienne, il a ôté une de ses chaussures : son pied effleure mon mollet nu et descend jusqu’à mon talon. Sa peau est chaude, son geste sûr, son regard me hurle son envie d’aller plus loin. Il n’y a plus l’ombre d’un doute dans ses yeux. Je le laisse faire et lui facilite la tâche en écartant légèrement mes jambes, j’aime cette sensation de m’ouvrir, de m’offrir. Son pied s’enroule sur ma cheville et ne me quitte plus, il l’attire vers lui, élargissant l’angle. Je suis presque impudique en dessous de la ceinture, j’ai chaud, je veux plus. Sa main libre disparaît sous la table, se pose fermement sur ma cuisse et ses doigts crochètent ma robe qu’ils remontent doucement, lentement. Je cherche mon air. Je tremble de plaisir lorsqu’ils cheminent jusqu’à mon sexe déshabillé. Je le sens vibrer contre moi, il fait un effort pour rester impassible, mais sa main me prouve tout l’inverse. Je mouille au point de me perdre, je veux qu’il me fouille, mon corps est en manque, j’ai mal tant j’ai envie de jouir.

Les assiettes se succèdent, les verres se vident et je suis en feu. Le dessert est englouti, Gaspard choisit ce moment pour sortir une liasse de papier de sa veste et la tend d’autorité à Thomas qui la prend sans hésiter.

— Ceci demande une voix d’homme puisque c’est le narrateur et la vôtre s’y prête à la perfection. Toujours d’accord pour le lire ?

— Plus que jamais, affirme-t-il en me regardant. J’espère être à la hauteur...

Je souris et m’approche de son oreille.

— Je brûle de savoir...

Gaspard et Marianne sont ravis. Leurs mains ne sont plus du tout visibles.


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