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Go Down Under - Episode 1.2

Et un barbecue à la mode Australienne! Vous prendrez bien un steak d'émeu avec votre tranche de betterave!



Cinq minutes plus tard, on sonna à la porte.

Ils étaient tous là. Judith et Joakim, un couple rayonnant d’amour qui vivait à l’autre bout de la ville, accompagné d’Andonios, un brave gars d’origine grecque qui était le comique de la bande. Le couple avait apporté une bouteille de vin rouge, et le bon vivant un pack de douze bières. Ils se claquèrent de grosses bises et chacun enlaça Gill en lui demandant comment il allait. Il affirma à trois reprises qu’il était vraiment heureux.

— Il n’y a pas vos gamins ? Demanda Gill.

— Non, ils sont chez mamie. Répondit Judith en posant son sac à main.

— Laquelle?

— Belle-mère. Mais ça va nous faire du bien de se retrouver tous les deux, hein mon roudoudou ??

—Oui ma fraise. Alors on a apporté le vin pour la viande. Un petit rouge que je tiens d’un ami caviste. Tu m’en diras des nouvelles.

— C’est gentil. Je vais la mettre sur le plan de travail.

Je profitais d’être seule avec lui à la cuisine pour lui demander quand il ferait cette annonce. Il me répondit qu’il me laisserait la faire à l’apéritif. Il ferait la transition pour que je puisse enchainer.

À peine les bières furent débouchées qu’il se lança. Il se leva et demanda l’attention générale en tapant du couteau sur le goulot de sa bouteille.

— Déjà j’aimerais tous vous remercier d’avoir été présents durant cette période où j’étais au plus bas. Vous m’avez empêché de faire bien des conneries. Et rien que pour ça, je vous serai infiniment reconnaissant.

Nous applaudissions ce petit discours. Andonios lançait des « bravo ! ». Il continua :

— Ce n’est pas fini… Je laisse notre miss Belgique vous annoncer quelque chose

Il m’avait fixée en me donnant ce surnom. Je me levai et enchaina.

— Avant tout, merci à vous d’être venus. Je suis contente qu’on soit tous ensembles ce soir pour célébrer la guérison de Gill. Et j’aimerais également vous annoncer que je suis réellement tombée amoureuse de votre pays, et vous allez me supporter encore plus longtemps car je vais faire en sorte de renouveler mon visa!

Tous étaient enchantés de savoir que je comptais rester plus longtemps que prévu. Je dois avouer qu’ils m’apprécient bien.

Sur ce flot de bonnes nouvelles, les bières furent descendues aussi rapidement qu’un verre de lait au petit déjeuner, tout comme les barquettes de viandes le long de la soirée.

Pendant que je me régalais d’un délicieux hamburger, je tentais une petite approche discrète vers mon host-dad qui exposait un nouvel avis nuancé sur la question aborigène à Joakim qui semblait plus manichéen.

— M’enfin ils n’ont pas autant accès aux soins et à l’éducation que nous. Reconnais que c’est injuste.

— Oui, mais ce que je veux dire c’est qu’il faut arrêter cette victimisation permanente. OK, la génération volée c’est une honte, OK, les Anglais ont empoisonné les points d’eau. Mais faut passer à autre chose. Ils ont tous encore cette rancune envers les blancs comme si nous on était responsable des actes passés.

— Ce n’est pas ce que je te dis. Ce que je t’explique c’est que s’ils avaient un meilleur accès aux soins et à l’éducation, ils seraient moins rancuniers.

— Ca n’a rien à voir! On n'a jamais vu une secrétaire refuser un rendez-vous médical en mode « parce qu’on ne prend pas les aborigènes ». Et encore je ne parle pas de ceux qui sont au fin fond du pays. Eux par contre ils ne se gênent pas pour nous regarder de travers parce qu’on est trop blanc. Tu te rappelles la station essence au fin fond du bush quand on a fait notre road trip? Tu te souviens combien le gérant nous a regardé? Comme si on lui avait volé son essence.

— C’était fin quatre-vingt-dix. Les choses évoluent, même au fin fond du pays.,

— Excuse-moi, mais j’ai dû aller autour de Broken Hill il y a quelques temps. J’avais l’impression d’être dans un roman de Kenneth Cook

La discussion montait dans les tours. Andonios me regardait comme pour dire « C’est reparti...», et Judith hochait la tête de droite à gauche en fixant son mari d’un air blasé. Quand Joakim avait un peu bu, et encore c’était que des bières très légères, il partait dans un blabla socio-politico-historico-ethnologique en étant persuadé qu’il avait la vérité et la solution à tous les sujets. Je vous laisse imaginer ce qu’il a à dire sur le conflit israelo-palestinien….

Mon pied partit en direction de la cheville de Gill et l’effleura. Il eut un petit sursaut en bas de sa jambe. Sans doute qu’il ne s’attendait pas à ce geste de ma part. Je fus agréablement surprise qu’il y réponde favorablement. Je savais bien que je ne le laissais pas indifférent. Je devinais les regards sur mon corps quand on allait à la plage ou quand je portais des tenues qui mettaient en valeur mes rares formes. Ma poitrine et mes fesses semblaient bloquée à l’adolescence alors que j’en suis sortie !

Bref, Gill continuait de caresser ma cheville tout en continuant d’argumenter. Tout à coup, Judith donna un coup de coude à son mari en lançant :

— Et si on passait au sorbet?! — Bonne idée. Ça a un effet lubrifiant. Lança Andonios

— Ça fait glisser ? Répondis-je

— Elle a tout compris !!!

J’éclatais de rire avec Gill pendant que le couple partait en cuisine. Je ne vous ai pas dit, quand notre pote grec est schnolle il va rapidement sous la ceinture.

— C’est quoi déjà le sorbet ?!

— Citron ! cria Joakim

— Gill, il te reste de la vodka ?

— Il doit m’en rester un peu oui

— Je vais me faire un colonel ! Dit-il en se levant.

Il partit à l’intérieur. J’entendais la conversation graveleuse qui se déroulait dans la pièce.

— Un colonel ? Tu aimes ça ? Demanda Judith en sortant des bols.

— Oui. Et si vous en connaissez une avec des bottes, une cravache et qui hurle des cochonneries en allemand, je prends !!

Je regardais Gill, toujours chevilles collées. Ce dernier profita que les invités étaient occupés pour me prendre la main.

— Tu passes une bonne soirée?

— C’est plutôt à toi que je devrais poser la question

— Très belle. Et il n’y a pas que la soirée qui est belle….

Il me fit un petit clin d’œil tendre. L’alcool lui déliait-il la langue ? Voyons voir…

— Ooooh, tu es romantique quand t’as bu toi.

— Je n’ai bu que deux bières, et je suis sur celles sans alcool depuis le début du repas.

Depuis tout à l’heure... il n’y avait que du zéro pour cent alcool dans son verre...

— Ah… Tu as donc toute ta lucidité.

— Exactement. Et je pense chaque mot…

Il vérifia que personne n’avait les yeux rivés dans notre direction, et me fit un tendre baise-main. Mon cœur battait sous ma robe et dans mes tempes. Il semblait se contreficher de nos deux décennies d’écart. Son regard et sa tendresse en disaient long… Comme une évidence. Une réciprocité à ce qui s’était éveillé en moi depuis des semaines

— Oh ça va je n’ai rien contre les Allemands ! Ils ne m’ont rien fait personnellement ! Lançait le mari

— Je disais ça pour ne pas te vexer. Répondait Andonios, un brin gêné.

— J’ai passé l’âge de me victimiser pour un rien.

L’air de rien, j’envoyais un rapide sms à Gill en prétextant répondre à ma famille à Namur.

« J’ai envie de t’embrasser… »

Il me répondit en disant répondre à sa psychiatre qui lui demandait s’il voulait avancer son rendez-vous pour la semaine prochaine.

« Moi aussi.»

J’avais hâte qu’ils partent. Mais en même temps j’appréhendais la suite des évènements. Gill était mon host-dad avant tout… Mais bon, certaines choses ne se contrôlent pas.

Qu’allait-il se passer une fois la porte claquée ?

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