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4.3 : Confessez vos péchés les uns aux autres et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris. La prière du juste a une grande efficacité

Elle rouvrit les yeux, flous, battants. Une nausée légère lui monta à la gorge. L’écran encore allumé la narguait. L’actrice, visage souillé de foutre, riait d’un rire creux et triomphant. Catherine, elle, détourna les yeux. 

 

Elle referma l'onglet et son chemisier avant de faire revenir la salle dans la lumière. Elle cligna des yeux quelques secondes avant de sortir et de se diriger vers les toilettes. Elle passa de l’eau froide sur son visage, sur son cou, en priant que la honte se dissolve avec. Elle ne pria pas Dieu. Juste un peu de calme. 

Une fois soulagée, elle revint dans sa salle. Mais à peine eut-elle passé le seuil qu’elle se figea. 

 

— Excusez-moi, m'dame. Je venais vous emprunter votre stylo quelques instants pour signer un bon de commande. On va manquer de ciment. 

— De cim...Ah ! Oh ! Oui, bien sûr ! Pas de soucis. 

 

Elle eut l'impression qu'il la scannait du regard dans un mélange de gène teintée d'un léger amusement avant de remettre le stylo dans le pot et de quitter la pièce. 

 

— Il commence à faire chaud, n'est-ce pas ? Lança-t-il avec nonchalance 

— Ah, que voulez-vous ? Les beaux jours sont là. Répondit-elle en se donnant une contenance. 

 

Elle se rassit sur son siège et revint à ses papiers. Posant comme à son habitude son stylo sous son nez comme quand elle était en pleine réflexion, elle réalisa qu'il avait encore l'odeur de ses fluides, et qu'il était encore un peu humide. 

De plus, elle avait mal reboutonné son chemisier. Le bouton du mardi était avec celui du mercredi. 

Réalisant le ridicule de la situation, Catherine se demanda si elle ne s'était pas trahie devant l'ouvrier. Son « Il commence à faire chaud » était-il à double sens ?  

 

— Ridicule ! Pensa-t-elle en essuyant le plastique avec un mouchoir. Il a juste signé un papier et dit ça comme n'importe qui juste afin de dire quelque chose. 

 

Quelques instants plus tard, ses mails envoyés et ses papiers en ordre, elle revint à la fenêtre et se figea en reconnaissant Apolline sur son vélo. Elle était en train de sourire aux ouvriers en leur tendant un pack de petites bouteilles d'eau. 

 

— Tu ne peux pas t'empêcher de draguer n'importe quel homme sur ton chemin, petite trainée... Grogna-t-elle 

 

Bien loin d'un numéro de charme, la jeune femme revenait du marché d'un petit hameau non loin du village et ayant connaissance des travaux de l'école, elle avait fait une halte dans une épicerie pour acheter de l'eau aux ouvriers. Simple geste altruiste. Ils l'avaient chaudement remerciée. Leurs regards étaient évidents sur la beauté de d'Apolline, mais ils se contentaient de lui sourire et la remercier. 

 

En repartant, elle surprit une phrase entre eux. 

 

El bolígrafo de la profesora apestaba a coño. Y lo que es más, su blusa estaba mal abotonada. 

 

La journée s'écoula tranquillement. Catherine quitta l'établissement en milieu d'après-midi. Après avoir salué les ouvriers qui le lui rendirent avant de ricaner entre eux, elle se dirigea vers l'église du village où elle annonça son arrivée d'un signe de croix après avoir humidifié ses doigts d'eau bénite. Elle marcha vers le confessionnal qui était déjà occupé.  

Après cinq minutes, elle reconnut le boucher en sortir. Aucun de deux ne se regarda. 

Elle prit sa place et prononça la phrase habituelle. 

 

— Pardonnez-moi mon père, j'ai pêché. 

— Je vous écoute. Souffla une douce voix dépourvue de jugement. 

 

Pendant de longues minutes, Catherine confessa en long en large et en travers son acte durant sa pause médiane. Un vrai soulagement pour elle de savoir qu'elle ne serait pas jugée, qu'elle pouvait se confier anonymement, ou du moins que le curé était soumis au secret de la confession et qu'il devrait tout garder pour lui. Et de plus, la confession lui garantissait de garder sa place au paradis. Une confession et une prière, en échange de sa place, ce n'était guère trop cher pour elle, croyante depuis le berceau, comme toute sa famille et sa belle-famille. 

Elle parla de longues minutes, non sans honte. Puis se tut. Un silence de quelques secondes s'étira avant que le jeune curé ne réponde. 

 

— Dieu est miséricorde. Ne l'oubliez pas. Allez en paix, et ne pêchez pas en oubliant pourquoi vous venez ici 

 

Catherine quitta le confessionnal après la prière de pardon et reprit sa vie normale. 

Père Salvador sortit quelques secondes plus tard et la regarda passer la porte et retrouver la lumière du jour. Elle avait essuyé des confessions toute l'après midi. Sans réelle surprise, les mêmes personnes revenaient, avec les mêmes thèmes. Le boucher et Catherine n'étaient que des exemples parmi les autres habitants du village.  

Il soupira longuement, les yeux tournés vers un des arrêts du chemin de croix où Jésus s'écoulait une première fois sous le poids de sa croix. 

 

— Ceux qui crient au démon sont toujours ceux qui le portent... 

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