top of page

Mise en abîme

C’était notre deuxième rendez-vous.

Le premier avait gravé nos mémoires au fer rouge, en plein hiver, dans cette chambre parisienne mal chauffée. Comme souvent, les mots avaient mis le feu aux poudres. Les siens, autant que les miens. Échangés par salves, puissantes. Et, ils étaient une des conditions de cette première rencontre. En plus de prendre quelques clichés à destination de son maître, je m’étais également engagé à écrire un compte-rendu du moment.

Trois mois s’étaient écoulés de manière bien moins impressionnante que sa cyprine. Il me tardait de la retrouver. Pour ce déplacement, par commodité et discrétion, j’optais pour un AirBnb qui lui permettrait d’exprimer bruyamment son plaisir sans que je n’aie à apposer ma main sur sa bouche, ou à la gifler pour la rappeler à l’ordre. Non, rien de cela pour cette entrevue. Juste un cadre propice au lâcher-prise complet, sans restriction. Au diable les voisins d’une nuit.

J’avais mis du temps à écrire la nouvelle de notre première rencontre. Il avait fallu infuser. Pour savoir par quel bout la prendre, malgré l’évidence de sa prise en main et de son abandon. Mais, peu avant l’organisation de ces retrouvailles printanières, je lui partageais le texte. Je pense ne pas trop m’avancer en disant qu’il fut apprécié. Au point de rapidement partager le fantasme d’une parenthèse strictement orale. Elle affairée à rappeler les prodigieuses sensations que sa bouche était capable de stimuler. Moi, luttant de haut vol pour lire le texte de ma voix, profonde. L’idée nous excitait.

J’imprimais le texte et le fourrais dans mes affaires avant de rallier la capitale. De mémoire de jeune vieux pervers dégueulasse, je crois que c’était la première fois qu’un de mes écrits érotiques prenait corps dans la réalité. Et, de savoir ces feuilles couvertes de mes mots présentes dans mon sac me donnait l’impression d’être la mule d’un ouvrage interdit dont le stupre exhalé trahissait mon identité de gentleman libertin.

Elle était arrivée beaucoup plus tôt que moi et tuait le temps en arpentant une exposition tout en subissant mes assauts textuels qui la faisait fondre d’avance. Plus tard, elle me confiait avoir dû s’isoler dans les toilettes du musée pour s’équiper d’une serviette hygiénique dans le but de préserver un peu sa culotte noire, déjà bien ruinée, avant de me retrouver à la terrasse d’un bar situé à deux pas de notre prochain lieu de déchéance.

Même si nous sentions que nos corps supportaient mal la distance imposée par l’étroite table en bois brut, le plaisir de la discussion était aussi vivace que la première fois. Nous eûmes tôt fait de vider nos verres, fumer nos cigarettes et faire deux pas. La volée de marches fut rapidement montée. A peine la porte de l’appartement refermée derrière nous, ma main trouvait le chemin de son sexe. Brûlant, moite et accueillant. Elle dégageait un parfum animal puissant tant elle avait mouillé tout l’après-midi. A s’en sentir mal à l’aise. Elle reprenait un peu contenance devant le miroir de la minuscule salle de bain après que je l’eus masturbée fermement en guise de bienvenue et décidait de prendre une douche rafraîchissante. Je m’installais nonchalamment et confortablement sur le canapé après avoir disposé les feuillets de mon texte en évidence sur la table basse.

J’essayais de lutter contre le prodigieux état d’excitation que son corps sensuel, sa docilité, ses gémissements, qu’elle, tout simplement, provoquait si naturellement. Cette nuit, sûrement notre dernière, ne faisait que commencer. Il fallait se préserver tant bien que mal. Je ne me souviens plus de la tenue qu’elle portait, si elle en portait une, au sortir de sa douche. Je me souviens seulement de son plaisir à se prêter au jeu en donnant corps à notre fantaisie commune, après avoir remarqué les feuillets disposés en évidence. Je m’emparais du texte alors qu’elle s’emparait, agenouillée devant le canapé confortable, de ma queue. Je débutais la lecture en essayant de ne pas me laisser distraire par l’habilité de sa langue, de sa bouche, de ses lèvres. Pour temporiser mon explosion, toujours imminente sous le coup de ses profondes attentions, je m’appuyais sur quelques passages du texte en les rejouant après les avoir relus. Le divin « o » formé par sa bouche marqua sa surprise quand, après l’avoir fermement relevée pour retirer mon membre de sa bouche vorace, je la giflais sans sommation comme je venais de le lire avant de l’embrasser passionnément. Je jouissais du spectacle qu’elle m’offrait quelques secondes, celui de son abandon total, et replongeais sa bouche au plus loin, poursuivant la lecture.

Ce petit jeu nous occupa jusqu’au moment où, n’y tenant plus, une fois la lecture terminée, elle se plaça à quatre pattes sur le canapé, m’offrant sa plus belle cambrure et m’intimant de la prendre. Enfin. Sans ménagement.

Peut-être était-ce parce que son cul m’était interdit lors de notre première rencontre qu’il se vengea en s’ouvrant si facilement cette fois-ci. En invitant d’une manière impossible à refuser ma verge si dure. Au point de s’étonner tous deux de me sentir le posséder. Enfin.

N’étant qu’un homme, l’excitation l’emporta. Rapidement. Avant qu’elle nous reprenne plus d’une fois, plus tard, encore, lors de cette nuit et matinée mémorable.


Et, depuis cette dernière rencontre, je me demande jusqu’où nous pourrons poursuivre la mise en abîme de nos désirs les plus enfouis.

Posts récents

Voir tout
Histoire d'eau

« Squirt game » aurait pu être le titre de ce billet.

 
 
 

Commentaires


vos lectures 1.jpg

© 2022 par Vos lectures érotiques. Créé avec Wix.com

bottom of page