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Le mec qui fantasme - 2.

— Comme nous ne sommes pas dans les conditions habituelles et que nous avons encore presque deux heures et demi pour profiter de l’endroit, pourrait-on… passer un moment sous la douche ?

— Vous aimeriez cela ? avez-vous répondu en me regardant dans les yeux à présent.

— Ce que j’aimerais, c’est être nue contre vous, nu aussi. On n’a jamais fait ça, si je ne m’abuse.

— Et ? Autre chose ?

— Je ne sais pas si vous aimez être savonné ?

— Vous m’étonnez…

— Moi, je n’aime pas trop ça.

— …

— Par contre, continuai-je, me frotter à vous sous l’eau chaude, ça oui. Vous sentir très dur contre mes fesses alors que vous me prenez les seins en main, j’en rêve…

— Batifoler, c’est ça ?

— Voilà, c’est exactement ça…

— Je suppose que vous avez prévu autre chose ?

Vous me regardiez intensément. Combien j’aimais ça… Je souriais mais ne répondais pas.

— Allez donc sous la douche. Je me déshabille, je prépare les peignoirs de bain et je vous rejoins.

J’étais face au carrelage, laissant couler l’eau sur le sommet de ma tête, mon nez, mes épaules. Et je vous ai senti, juste derrière moi, comme j’en avais rêvé.

J’ai senti vos mains : l’une m’entourant le ventre, l’autre me serrant un peu le cou. J’ai senti votre souffle chaud près de mon oreille. Votre ventre contre mon dos et votre sexe tel que je l’avais toujours imaginé, contre mes fesses. Et puis, votre main la plus proche de mon pubis l’a effleuré très légèrement. J’ai écarté les jambes spontanément. J’avais envie que vous me fouilliez. Vos doigts ont joué : le haut des cuisses, la toison, les lèvres, le clitoris. Vous me donniez l’impression de me connaître si bien. De tellement savoir comment me caresser pour que je sois déjà au septième ciel…

Vous me mordiez délicatement les épaules, le creux du cou. C’était délicieux.

Et puis, vous vous êtes interrompu. Quelqu’un frappait à la porte discrètement…

— Une licorne ? avez-vous demandé d’une voix sourde.

— Une femme avec un appareil-photo, plutôt, ai-je répondu.

Vous avez souri, tout étonné de ma « surprise ».

— Vous allez ouvrir ? ai-je continué.

— Vous lui avez donné des consignes ?

— Aucune. Mais je pense qu’elle sait très bien ce qu’on attend d’elle…

Vous vous êtes entouré la taille d’une serviette éponge immaculée et êtes allé lui ouvrir.

— Entrez…

— Vous revenez ? ai-je insisté. Sauf si vous préférez des photos sur le lit…

— Je pense qu’il est plus convenable et surtout plus important de faire connaissance avec….

— Clara…

— Enchanté, Clara. Blanche va nous rejoindre et nous discuterons autour d’un verre de vin. Venez donc vous asseoir.

Je me dépêchai de sortir de la douche, de me glisser dans un des peignoirs de bain que vous aviez préparé exprès pour moi. J’avais les cheveux mouillés, tant pis. La peau qui tire un peu parce que je n’ai pas mis ni lait hydratant après-douche ni crème. Je ne suis pas maquillée… Je n’avais pas réfléchi à tout cela.

Clara et vous êtes déjà installés l’un en face de l’autre. La jeune femme vous dit en riant qu’elle préfère que ce soit moi qui vous explique sa présence « quand elle sera partie ». Je la regarde… Ses yeux se posent de manière rapide sur la fenêtre puis sur le lit.

— Une question de lumière, dit-elle.

Nous acquiesçons…

— Quel genre de photos voudriez-vous qu’on fasse. Du soft ? Du plus hard ? Des regards ? Des gros plans ?

— Comme c’est pour Joachim, c’est lui qui décide !

Ouf, je me tire des flûtes. Le cadeau, c’est pour vous. C’est vous qui avez suggéré ce projet à plusieurs reprises et je voudrais que vous preniez le taureau par les cornes et disiez vraiment ce que vous souhaitez…

Même si je vous laisse la parole, je pense que vous aimeriez être guidé pour cette séance. Que sur les clichés, on puisse se rendre compte que vous êtes un vrai mâle. Je sais que vous êtes très demandeur de ce genre de regard. Pourtant, je suis certaine que ces photos, vous ne les montrerez à personne. Moi non plus, je n’ai pas partagé votre florilège. Cette séance de photos que vous nous aviez offerte il y a quelques temps m’avait plu pour deux raisons : d’abord, le fait de m’en remettre à vous totalement au niveau des prises de vues, ensuite, cette série de clichés que vous aviez traités et que vous m’avez fait parvenir qui nous montraient. J’étais très heureuse parce que les regarder me remettait dans cette situation. Et puis, vous aviez bien fait ça. J’ai admiré le talent et l’œil du photographe. Je vous ai admiré ! Mais je m’égare un peu.


***


Clara m’a fait l’effet d’une personne très à l’écoute. Elle n’a pas eu l’air de s’offusquer des choses que je proposais.

La surprise du cadeau de Blanche passée, nous avons rejoint le lit. Moi, j’avais toujours la serviette éponge autour de la taille et elle était toujours emmitouflée dans ce peignoir de bain bien trop grand pour elle.

Clara a organisé le décor.

Elle dispose les chaises l’une à la gauche du lit, une autre à l’opposé et la dernière près de la fenêtre. Le soleil de mai est fort lumineux.

— On a de la chance ! lâche-t-elle. Inutile de nous servir de spots. Parfois, ça donne une couleur blafarde à la peau et comme je suppose que…

Elle a murmuré la fin de la phrase d’un air entendu, sourdement.

Mais oui, j’ai bien compris que le cadeau consiste en une séance-photo, offerte par cette chère Blanche. Je n’ai pas parlé de l’impression que Clara me fait.. en tant que femme, je veux dire. Elle a les cheveux châtain clair, de grands yeux expressifs, une bouche rieuse. Sa taille est marquée et elle a de jolies formes. Elle se déplace et parle d’une manière douce mais énergique. C’est, on peut le dire, une belle femme. J’admire le fait qu’elle porte des chaussures plates. Il est en effet fort compréhensible que sa mission nécessitera peut-être un peu d’acrobaties et qu’elle sera plus à l’aise comme ça que sur des talons de quinze centimètres.

C’est donc en serviette et peignoir que nous nous allongeons sur le lit, ma maîtresse et moi. Je me doute que, même si elle est à l’origine de ce moment, elle doit être un peu gênée : elle m’a parlé, justement, du malaise qu’elle éprouverait en présence d’une autre femme et moi. Mais ici, c’est différent puisque nous savons tous les deux qu’il n’est pas question de licorne, que Clara ne se déshabillera pas pour nous rejoindre au lit. Et puis, cette femme plait-elle physiquement à mon amie ? Je ne le pense pas.

— Reprenons-nous où nous en étions ? me demande Blanche.

— J’étais derrière vous, il me semble…

Bien sûr, elle n’est plus debout. Bien sûr, j’ai débandé depuis que nous étions sous l’eau de la douche, collés l’un à l’autre, mes mains la caressant.

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