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Nos ventres fêlés appellent l’octave vorace.

Ne lui dites en aucun cas que j’adore le regarder me sourire, il déclenche des envies subites, d’étreintes subtiles aux teintes d’évasion. Auparavant, il marchait dans l’ombre de mes pas, attendant de pouvoir fourrer sa queue dans les coupures grenadines que j’exhibais au comble de mon appétit lunaire. Il ne devait m’avoir que cette nuit, il m’a possédée des années plus tard. Je consommais de façon effrénée les corps d’inconnus à qui j’accordais une chance unique de me faire saliver. Las, étaient jetés aux oubliettes les nombreux ratés qui jutaient péniblement hors champ. Ils échouaient et n’existaient plus pour moi. Peut-être que je m’étais laissé surprendre par son odeur, épicée de miel et de stupre comme s’il s’était branlé avant notre rencontre et qu’il avait gardé les effluves de sa reddition. Ses mains de géant m’avaient hypnotisée, je m’étais autorisé à délirer à imaginer sa queue gargantuesque dégorgée de joie entre ses pattes calleuses. Ce soir-là, prédatrice, j’avais goulûment dévoré son rameau, cueillant ses couilles soyeuses dans un endroit sordide où les mouchoirs figés de sperme séché faisaient office de champs de seringats autour de nous.


Les genoux écorchés sur le béton froid, j’avais dégusté sans retenue sa raideur timide qu’il n’avait pas osé guider, paralysé par cette première nuit où les présentations avaient fini au fond de mon gosier. Lui, étrangement, je m’étais rappelé son nom. Lui, sincèrement, j’avais besoin de le revoir malgré sa piètre performance.


Parfois, je le perdais de vue. Je me sevrais de nos joutes verbales où il me traitait gentiment de catin, puis se permettait des remarques féroces lorsque je minaudais sans lui donner accès à la source de ses attentes.


De devoir lever les yeux vers lui, j’éprouvais un plaisir absolument étrange. Il était immense, et me dominait largement. Je ne lui avouerais jamais à quel point, ça me rendait molle, que je contractais les cuisses pour écraser les lèvres frissonnantes qui boudaient, étouffaient dans ma culotte mouillée d’être bientôt dévorées. J’avais envie de lui, dès que son sourire insolent s’imposait à moi, puisque derrière ce rictus, se déroulait le petit film de cul de nos ébats à venir. Il savait pertinemment qu’il m’aurait au charme, au désir qu’il inspirait.


Il arrivait que je me lasse des jouets dont je ne mémorisais pas les noms pour aller le chercher sur un réseau social, n’ayant jamais voulu conserver son numéro. Puis, j’attendais qu’il me repère dans les nombreux messages qu’il devait compulser chaque jour pour son travail. En imaginant nos retrouvailles, la musique dans ma poitrine exigeait un final explosif. Je soupirais les yeux fermés, les doigts scintillants dans mon sexe impatient, je le nommais à coup d’insultes pour déclencher la délivrance. Souvent tout ne se passait pas comme prévu, mais on s’amusait énormément. On se renvoyait la balle de l’échec, il bandait mou, je ne mouillais plus, mais je désirais son corps, mordre sa chair, l’écouter se raconter. C’était certainement étrange de pouvoir chérir quelqu’un sans devoir le retenir ou lui demander des comptes, parce qu’on souhaitait qu’il nous manque. Il était beau, détaché de ma réalité banale, inattendue en diable et libre. Je n’espérais rien de sa part, mais j’avais les crocs à son approche, il était mon géant macassar surgissant dans la brume mordorée de mes caprices impies.


Des années après, je l’ai réclamé. Comme si mon cœur rouillé s’était rappelé cette clé qui me permettait l’évasion. J’ai couru vers son invitation, dans l’appartement qu’il louait dans le but qu’il se souvienne de nos jeux imprécis.


Il s’est moqué de moi, car je paraissais m’être retirée dans un monastère et renié ma vie d’avant. Pour lui donner tort, j’ai hissé mes pieds pour les poser sur la table. Ma sucette comme un accessoire imprévu à la scène qui allait suivre.

— Eh dis-moi, tu ne t’es pas embarrassé de culotte au moins ?

Sans le quitter du regard, ma tétine sucrée sur la langue, je l’ai observé dans sa quête de vérité. De sa paume, il a longé l’intérieur de mes cuisses jusqu’à la source sulfureuse. L’expression de son visage était adorable, je m’accrochais à son bras, sur le point de lui sauter dessus. Quelque chose avait changé, nous étions différents, l’atmosphère de ces retrouvailles me filait le tournis. J’avais à présent des gestes de tendresse inattendus parce qu’enfin, je le reconnaissais comme mon égal, il y avait toujours eu entre nous cette simplicité à se renifler le derrière et à accepter nos vices. Ma peau nuit contre son cuir bourbon, je m’arquais lorsque ses doigts s’enfoncèrent doucement dans la pulpe de ma vulve que je déployais en entrouvrant habilement les cuisses. Je ne quittais pas ma sucette, c’était un prétexte au fait que je n’embrassais pas, le baiser restait une magie beaucoup trop intime, le bonbon servait d’excuse. Son front collé au mien, ses yeux percèrent mon âme, nous sommes amusés, mais follement excités. Quand il mitraillait mes entrailles, sa main maintenait ma nuque tandis que l’autre charriait la rivière dont il souhaitait provoquer le débordement. Je manquais de m’étouffer avec ma sucrerie. Ça pissait d’un coup, l’intensité de ses mots dégoulinants d’obscénités qu’il chuchotait près de ma bouche, me faisait divaguer. C’était électrique, nos lèvres si proches qui se convoitaient et s’évitaient… Je m’entêtais. Je trépignais d’envie de sentir sa langue sur le pourtour de ma frisure malmenée, il y était allé comme un âne. Ses palmes glissaient avec douceur vers l’œil caché un peu plus bas. Il a toujours su ce qui me plaisait et alors qu’il crachait pour ramollir le passage et laisser son doigt conquérir un peu d’espace, je caressais la petite excroissance durcie par tout ce cérémonial avec ma confiserie, je fondais et m’ouvrais avant de lui coller la boule visqueuse sur la langue. J’ai failli m’emporter quand il a sucé l’eau de mon vertige sur la rondeur de la friandise, alors j’ai recommencé mon tour en l’affublant du nom de cochon ; il m’a baptisée « pute » en étirant mon cul avec ses doigts. Je le regardais me parler crûment en faisant de la place pour sa queue. Il s’est positionné entre mes jambes avec précaution pour ne pas me faire basculer de la chaise. Cette posture me permettait de le mater en train de me salir avec sa salive et de se branler en même temps. Je le lavais d’insultes gratuites juste pour le rendre mauvais, que ses doigts s’activent, forent plus loin. J’espérais une autre salve de plaisir pour l’asperger lui et ma tétine. Il avait enfilé un préservatif, sa queue diaprée de son impatience gluante me faisait baver, j’aurais souhaité le goûter avant.


Tout est devenu excessivement cotonneux et pourtant si fiévreux. Il chancelait fort entre mes reins et chantonnait des sorts contre mes seins, je pleuvais acide sur son amour plastique. Son bâton de prêcheur dans sa ganse élastique s’est enfoncé en moi. Je crois avoir blasphémé lorsqu’il s’est planté dans mon ventre tout doucement, profondément, le front à nouveau collé au mien. Nos yeux s’entre-dévorant, je faisais entrer et sortir mes phalanges dans ma canule pulpeuse au même rythme que lui ondulait dans mon postérieur. Il a fait ça longuement, longtemps avant que je ne perde la tête, que je lui lèche les lèvres et que j’abandonne entièrement ma bouche au baiser de brasier qui faisait tout oublier. J’ai hurlé lorsqu’il m’a mordue au cou. Le givre s’est dispersé dans un tremblement, emprisonné dans une capote qu’il a nommée « number one » en riant. Il venait d’inaugurer les débuts d’une nuit infernale.


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