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Dans la ruelle obscure - 1. En terrasse

C’est un soir d’été et nous sommes au restaurant. Tu as traversé toute la France pour me retrouver et nous avons passé l’après-midi enfermés dans une chambre d’hôtel non loin du vieux port.


Comme lors de nos précédentes retrouvailles, nous avons dévasté les draps en deux temps trois mouvements. Froissés en tous sens et ne couvrant plus le matelas que par endroits, ils sont ornés de taches de sperme et de cyprine comme autant de médailles célébrant les victoires de nos joutes luxurieuses.


J’adore ton audace en amour, toute en joyeuse impudeur. Dès nos premiers dialogues par écran interposé, tu m’as assuré ne pas avoir de tabous. Avec le temps, je dois avouer que tu n’as pas menti.


Après un quatrième orgasme qui t’a laissée pantelante, tu me proposes d’aller manger un morceau. J’ai choisi la terrasse d’une pizzeria sur une petite place isolée, un peu à l’écart de la foule. La ville bruisse en sourdine autour de nous et le vent du soir est chargé de senteurs océanes.


Après avoir dévoré la moitié de ta calzone, tu me souris avec ton air de lubricité pétillante qui me fait fondre. Je crois bien que je vais le faire finalement, ici et ce soir. Je sais parfaitement de quoi tu parles.


Un brin nerveux je vérifie les alentours. Je suis assis le dos contre un bac où poussent des bambous. Aucun danger de ce côté-là. Sur le côté, une table nous sépare de nos plus proches voisins, un couple de jeune touristes anglais selon toute évidence.


Enivré par ta propre audace plus que par l’excellent Lacrima Christi, ton regard rivé dans le mien, tu plonges ta main sous ta petite robe noire, tu soulèves tes fesses de la chaise et dans un mouvement aussi souple qu’élégant tu ressors d’entre tes cuisses ta culotte en dentelles que tu déposes sur la table à côté de mon verre. Un air de triomphe illumine ton visage.


Prends-la en main mon ange. Froisse-la entre tes doigts et respire mes envies de toi.


Ta voix est rauque et ton souffle est court. Ton désir me fait chavirer, comme à chaque fois que nous inventons un nouveau jeu. Indifférents aux éventuels voyeurs, nous vibrons aux mêmes pulsations sourdes.


C’est trop bon ce petit vent qui vient me titiller la chatte mon cœur.


À côté de nous, la jeune anglaise n’a rien perdu de ton manège. Je te fais signe alors que nous avons eu une spectatrice et tu te tournes vers elle. Elle lève son verre à notre santé, un sourire de complicité posé sur ses lèvres. Tu ris, tu es heureuse et tu lui lances un baiser de connivence.

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