Comme je reste silencieux et ne me départis pas de mon air ahuri, elle finit par m’expliquer le sens de ce qui n’est au fond qu’un jeu de mots un peu tiré par les cheveux. Je suis soulagé de n’avoir commis aucun impair mais également un peu honteux de n’avoir rien compris, ce dont je lui fait part
— Il n’y a pas de honte à avoir, tu ne pouvais pas savoir que j’ai une propension naturelle à la moquerie. Quoi qu’il en soit, j’ai apprécié que tu me vouvoies. Tu es respectueux et cela fait du bien quand on pense à tous ces balourds aux méthodes d’approche douteuses. Tu n’es ainsi qu’au travail ou bien c’est un mode de vie ?
— Eh bien, je tâche d’être le plus courtois possible dans mon quotidien , qu’il soit professionnel ou pas
— Seulement courtois ?
Je ne vois pas où elle veut en venir. Si c’est de la drague, elle est un tantinet sibylline. Mes doutes se dissipent toutefois quand elle se penche vers moi et qu’elle murmure à mon oreille un “dévoué ?” qui lève le voile sur sa nature réelle. Je rougis.
— Je crois que c’est un sujet qui n’a jamais été abordé pour ce qui te concerne, je me trompe ?
— Pas du tout.
— Je pourrais te reprendre pour n’avoir pas fini ta phrase mais, comme tu es néophyte, je te pardonne.
Certaines pièces du puzzle commencent à s’assembler dans ma tête et je dois reconnaître que, si je n’ai jamais pensé à être aux pieds d’une femme, ce dialogue m’y incline fortement. Je baisse la tête.
— Veuillez m’excuser mais, s’il y a un usage, je ne le connais pas.
— Tu pourrais m’appeler Madame pour commencer. Dans un cadre un peu plus privé que les réunions auxquelles nous sommes amenés à participer ensemble s’entend. A ce propos, tu es libre ce soir ? Je voudrais évoquer la chose d’une façon un peu plus précise que ce que nous faisons là.
— Je n’ai rien de prévu Madame.
— Tu apprends vite. A tout à l’heure alors. Attends-moi vers 18h sur le parking !
C’est dit sur un ton sans réplique.