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3.1 - « Il n’y a rien de mieux pour l’homme que de manger et de boire, et de faire jouir son âme du bien-être dans son travail. »

Pour que Matthieu ordonne de sortir une troisième assiette, c’était qu’il savait très bien que le visiteur ne venait pas pour lui faire un coup fourré. Ce n'était pas un homme en quête d'un prétexte sous forme de tarte aux pommes ou d’un panier de fruits prétendument offerts 'juste parce que', avec cette intention masquée sous un sourire trop large. Matthieu avait déjà vu cette scène se dérouler trop souvent, et pas uniquement au dîner.   

  

Un frisson parcourut Apolline quand elle reconnut la voix de son amour sacré. Elle inspecta rapidement sa robe pour ôter les quelques miettes de pain qui s’étaient agrippées au tissu, ébouriffa légèrement ses cheveux à la racine pour leur redonner un semblant de volume et réapparut avec une petite assiette et une cuillère.  

  

Le regard des deux jeunes gens se croisa à nouveau, juste au moment où le soleil reparut derrière un nuage gris, inondant le salon de sa lumière douce.  

  

— Ça fait plaisir de vous voir en dehors du culte. Dit-elle avec un sourire incontrôlé.   

— Je vais faire du café. Lança Matthieu en filant en cuisine.  

— Plaisir partagé. Enchaina Salvador en s’asseyant.  

— Vous arrivez juste à temps pour le gâteau. C’est mon oncle qui l’a fait. Un gâteau de poires au vin. Expliquait la jeune femme qui commençait à le couper en huit.  

— J’en prendrai un petit morceau, une moitié de part.  

— Vous avez bien mangé?  

— Normalement.  

— C’est à dire?  

— Léger, toujours.  

— Mon père, il faut bien vous faire plaisir...  

  

Elle lui servit une bonne part.  

  

—...ça ne va pas vous fermer les portes du paradis.  

— Dieu fera preuve...d’indulgence! Lança Matthieu qui revenait avec le café et du sucre en morceaux. Je vais chercher les tasses.  

— Vous êtes un homme de foi, Père Salvador, mais il ne faut pas se priver des plaisirs terrestres. Ajouta Apolline avec un sourire en coin.  

— Disons que la modération est un principe, mais il ne faut pas oublier que la vie est aussi un cadeau. Même un gâteau de poires au vin, dans sa simplicité, est une bénédiction, répondit-il avec une touche de malice dans la voix, appréciant le parfum du gâteau.  

  

Une chaleur discrète gagna la poitrine de la jeune femme., comme si le mot "bénédiction" avait touché plus que son oreille.  

Matthieu revint avec les tasses et les déposa sur la table, une expression légèrement exagérée de solennité sur le visage.  

 

— Voilà, mes chers amis, l'élixir nécessaire pour accompagner ce festin spirituel et matériel. Lança-t-il en s'asseyant.  

  

Apolline rit doucement, le bruit de la tasse venant s'ajouter à l'harmonie tranquille de l'instant. Les deux hommes se regardèrent, un peu surpris, comme si l'ironie n'était jamais aussi bien venue que dans ce moment précis.  

  

— Vous savez, mon Père, il faut apprendre à savourer davantage les petites douceurs de ce monde... Sans oublier que nous avons aussi à cœur de donner le meilleur de nous-mêmes.  

— Tout est une question de balance. Répondit Père Salvador, croisant les bras de manière décontractée. Les plaisirs simples nous rappellent que nous sommes humains, mais c’est la foi qui nous élève.  

  

Le regard de Salvador se fit plus profond, presque contemplatif. Apolline, tout en dégustant son gâteau, ressentit quelque chose de plus qu'une simple conversation. Un silence confortable s’installa, un silence rempli de significations multiples et d’une chaleur tranquille, comme si ce moment était une sorte de pause sacrée dans leur quotidien. 

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