La tempête de neige annoncée était bien là. Le Marquis et son épouse, pris de court, avaient trouvé refuge dans un abri de montagne.
Le poêle à bois, vite rallumé, qui trônait au centre de la pièce ne tarda pas à la réchauffer. Celle-ci était meublée de lits à étages, d'une grande table en bois et de bancs.
L'endroit servait à des randonneurs de passage, ou à des bergers pendant la période de transhumance.
La Marquise se rapprocha du poêle brûlant tout en ôtant son pull et détachant ses cheveux :
-- J'espère que la tempête va se calmer. Je n'ai qu'une envie, c'est d'aller m'encabaner au chalet !
-- En attendant, nous nous encabanerons ici, ironisa son époux.
-- Hors de question de s'éterniser dans ce taudis ! Je préfère affronter le blizzard le plus féroce !
Le Marquis, impassible, remettait du bois dans le feu.
-- La nuit va bientôt tomber... Et la tempête ne s'arrêtera pas pour autant. Chère Donatienne, préparez-vous à passer la nuit ici.
En effet il aurait été très imprudent de s'aventurer sur les chemins enneigés dans de telles conditions. La tempête faisait rage, mais la Marquise s'entêtait étrangement. Le jeu avait-il commencé ?
-- Comment ? Vous plaisantez j'espère...
-- Pas le moins du monde chère épouse.
-- Eh bien je vous dis, moi, que je ne resterai pas une heure de plus dans cette bicoque, répondit-elle, il faudra m'attacher si vous voulez me retenir, ajouta-t-elle, non sans un brin de malice dans la voix...
-- Qu'à cela ne tienne ! Vous encorder ne sera pas pour me déplaire !
Sur une poutre du refuge étaient entreposées, parmi d'autres accessoires, des cordes de rechange neuves qui servaient aux randonneurs ou aux bergers à des usages divers. Le Marquis, en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire, avait saisi les poignets de sa belle pour les réunir et les attacher derrière l'un des poteaux de bois qui soutenaient la poutre maîtresse.
Le jeu avait bel et bien commencé...
La Marquise n'était qu'à moitié surprise. Il existait une vraie complicité entre eux. Elle connaissait bien son amoureux, et après tout, pourquoi négliger les plaisirs imprévus ?
Son chemisier blanc laissait apparaître par transparence un soutien-gorge de dentelle noire.
L'homme s'avança, noua un bandeau sombre sur ses yeux et ôta un à un les boutons blancs.
Lentement.
Il écarta les pans du chemisier, dénudant les épaules, laissant apparaître la poitrine magnifique de la belle à travers les dessins de dentelle qui prétendaient la recouvrir... Pour mieux l'offrir...
-- Touchez-moi... Mon beau Marquis... Oh Touchez-moi... Du bout des doigts... Touchez-moi...
Il aimait la soie de sa peau.
Il la regardait.
La touchait des yeux.
Suivait le contour de ses lèvres.
Maquillait sa bouche d'un rouge à lèvres imaginaire.
La Marquise était à sa merci.
Du bout des doigts, il soulignait avec douceur les broderies du soutien-gorge, s'attardant sur les tétons, appréciant leur raideur.
Il traça une ligne, du plexus jusqu'au bord du pantalon. Obstacle qui lui barrait l'accès à cette fente, à la naissance de cette infinie douceur qui le rendait fou...
Il abaissa le pantalon de sa docile captive jusqu'à mi-cuisses et plaqua sa paume sur le sexe qu'une culotte de dentelle noire avait promis de recouvrir... Promesse illusoire, promesse mouillée de plaisir et vite écartée d'un geste ferme.
La Marquise ondulait du bassin sous des caresses de plus en plus appuyées.
L'homme murmura :
-- Cette cabane a dû abriter bon nombre de bergers. Leurs chiens gardent les troupeaux.
Il s'approcha de son oreille et continua :
-- Je me verrais bien berger d'une nuit, qu'en pensez-vous ?
Entre deux gémissements, la Marquise sussura langoureusement :
-- Je me verrais bien votre chienne d'une nuit... mais je me sens comme une brebis égarée... Mon beau pâtre, remettez-moi dans le droit chemin.
Elle aimait le regard du Marquis sur son corps. Lors de leurs jeux de nuit, elle n'était plus la même. Elle se sentait exister autrement. Une étrange alchimie s'opérait entre eux qui les faisait se reconnaître depuis mille vies.
Les yeux bandés, elle sentait le regard sur sa peau.
"Il aime regarder mes seins, pensait-elle. Parfois, il les regarde longtemps, sans les toucher. D'autres fois il les empoigne et les malaxe fiévreusement, tire sur mes pointes, les pince pour m'attirer contre lui.
Mais ce qu'il aime surtout c'est : admirer mon postérieur.
Mon cul ! Qu'il qualifie de "sublime"...
Oh ses mains sur mes fesses ! Je ne peux plus m'en passer. Elles sont magiques !
Qu'elles soient douces et osées !
Qu'elles soient tendres et actives !
Qu'elles s'abattent et qu'elles flattent !
Je les désire !
Ses caresses sous ma jupe me font défaillir quand ses doigts s'insinuent sur mon "infinie douceur" comme il aime la nommer...
Infinie douceur qu'il n'hésite pas à envahir de sa queue conquérante... À la hussarde !
Cette douce fleur carnivore qui se nourrit de sa chair et de sa sève...
Quand l'envie lui prend... de me prendre... de me surprendre...
Quand l'envie me prend... de le prendre... de le surprendre...
Quand l'envie de nous aimer nous prend...
Je suis sa louve lorsqu'il assouvit ses instincts de mâle, attrape ma crinière et me pénètre au plus profond. Nos voix s'élèvent dans la nuit et emplissent nos âmes.
Je suis à lui...
Il est à moi...
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