Eulalie se leva vers 9h. On était un samedi ensoleillé. Elle avait un peu le temps de se préparer : le train venant de Paris – gare de Lyon arrivait un peu après 15h30. Elle comptait aller chercher Noël sur le quai. Au moins, cette fois, elle ne serait pas obligée d’attendre que tous les passagers se soient éparpillés : elle le reconnaîtrait. Elle se demanda s’il porterait des lunettes de soleil cachant ses yeux gris…
Il faisait doux dans le sud, pas encore les vraies grosses chaleurs. Un temps très confortable pour des promenades à Arles. Il y avait le Colisée et toutes ces vieilles pierres à aller regarder. Mais elle était certaine que des paysages champêtres et plus tranquilles auraient la préférence de son amant.
Elle le vit donc, sur le quai. Malgré un trajet de presque quatre heures, il n’avait pas l’air fatigué : il devait avoir fait un petit somme dans le train. Il portait un sac de voyage en cuir. Il avait l’air d’un touriste qui est habitué aux destinations chaudes. Sa peau était hâlée. Sur la tête un chapeau avec de larges bords. Sur le nez, des Ray-Ban. Un pantalon clair, une chemise bleue et une veste d’été (déjà). Des chaussures italiennes en cuir caramel. Il ne l’aperçut que quand elle eut fini l’inventaire. Elle portait à nouveau un haut bleu sans manches, plus pâle qu’en mai, avec un short assorti, des sandales et une petite besace abricot. Il croyait avoir deviné la lingerie de la même teinte : ne se résoudrait- elle donc pas à porter du blanc uni et uniquement cela ?
Ils s’approchèrent l’un de l’autre en se regardant. Ils avaient tous deux un petit sourire aux lèvres. Ils ôtèrent leurs lunettes de soleil et l’homme lui posa un doux, très doux baiser sur les lèvres. « Alors, ma petite vicieuse, je ne t’ai pas trop manqué ? ». C’était tout ce qu’il fallait pour lui faire perdre pied… Elle adora cette entrée en matière même si cela la heurta tout de même un peu. Il devrait vite s’apercevoir que cette fois, c’était elle qui le ferait tourner autour de son doigt…
….
« Je connais un charmant endroit où nous pourrions dîner. Je vous y emmène ? »
Elle ne parvenait pas à tutoyer cet homme qui avait l’âge d’être pratiquement son grand- père… Elle anticipait le plaisir d’être en sa compagnie. Il était certain qu’il se tiendrait bien, serait galant, et tout et tout. Elle prendrait un malin plaisir à le troubler…
« Ça s’appelle « la Cuisine au Planet » : nous pouvons manger à l’extérieur puisqu’il fait doux. Et si nous avons un peu froid, nous prendrons le dessert et le café à l’intérieur… Il faut juste que nous prenions un taxi. Ce n’est pas loin. »
En effet, cela se trouvait à une dizaine de kms du domicile d’Eulalie. Cadre charmant, il est vrai. Le couple choisit une table sous un grand parasol écru, à l’abri du soleil, même si la jeune femme voulait parfaire son bronzage ! Les arbres et la végétation naturelle donnaient au lieu un cachet authentique qui plut beaucoup à Noël. Même s’ils ne se connaissaient pas encore vraiment, il était clair que son amante l’avait déjà bien cerné : bel endroit, bonne chair… La cuisine était délicieuse, raffinée. Des mets auxquels Noël n’était pas habitué figuraient sur la carte : du taureau, des topinambours… Cela lui mit cependant l’eau à la bouche… Même s’il n’avait jamais goûté à ce genre de choses, il était sûr qu’ils allaient se régaler. Les assiettes arrivant chez leurs voisins de table annonçaient les meilleurs augures… Ils se décidèrent pour la formule « 2 plats » : ils prendraient le plat ainsi qu’un dessert. Noël qui n’était pas très sucré choisirait l’assiette de fromages.
La soirée fut charmante. Ils discutaient littérature, musique, parlaient de leurs goûts en matière de cinéma. Ils avaient décidé de « convertir » chacun l’autre à quelque chose qu’il ne connaissait pas ou qu’il n’appréciait pas réellement. Eulalie parla des films d’E. Lust. Elle admirait les images, les scènes intimes non doublées, les orgasmes non simulés. Noël parla de Bilitis, ce film de D. Hamilton, qui avait fait grand tapage au moment de sa sortie, en 1977. Eulalie n’était pas née. Le propos du film, c’était tout ce que l’homme appréciait. L’éveil au désir, au plaisir, les amours saphiques, les jeunes filles à peine pubères…
Quand Eulalie entendit l’homme lui parler avec autant de passion de ces étreintes et qu’elle vit le regard brûlant de désirs pour ces jeunes filles, elle enleva sa sandale gauche et son pied nu remonta le long de la jambe de l’homme. Il y eu un petit flottement, puis, il reprit contenance. Il continua de parler, en s’étranglant de temps en temps. Ils étaient toujours assis dehors. Il en était à présent à la description de ces demoiselles, aux traits très doux, aux regards candides, qui découvrent comment se donner du plaisir l’une à l’autre. Visiblement, tant ce qu’il disait que les mouvements du pied d’Eulalie de plus en plus appuyés, faisaient grossir la bosse qui déformait son pantalon clair à l’entrejambe. Ses yeux se voilaient. Il commença de respirer plus fort :
— Elles avaient peu de seins, pas de quoi remplir la main d’un honnête homme, comme on le disait à l’époque, et elles étaient si innocentes, si innocentes…
— Vous vous seriez vu les initier, n’est- ce pas ?
— Avec énormément de finesse et de doigté…
— Racontez- moi comment vous vous y seriez pris.
— D’abord, je dois reprendre un rien mes esprits. Tu me troubles, petite vicieuse…
— Je ne vous laisse que 3 minutes, le temps d’aller me refaire une beauté et de …
— Tu feras comme je te l’ai appris ? Tu arrêteras le pipi en te branlant ?
— J’espère qu’il ne sera pas trop tard. Je vous raconterai…
L’homme jubilait… C’était presque trop beau, trop bon pour être vrai. Ah, il l’avait bien écolée, son Eulalie…
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