La soirée de clôture du Festival International des Chorales avait bien commencé. Parmi les convives, outre les "officiels", se trouvaient les chefs de choeurs et naturellement les sopranos. Toutes plus joliment mises les unes que les autres. Robes légères et colorées, sourires à foison dessinés par des lèvres carmin. Barytons et ténors rivalisaient d'élégance et de galanterie...
Le soir était chaud. Le Teatro Don Bosco avait bien fait les choses. Les tables étaient garnies d'antipasti salés ou sucrés, de jus de fruits frais. Des paniers de figues côtoyaient les grappes de raisins qui débordaient de larges coupes d'apparence antique. Et bien sûr, les spécialités régionales, les apéritifs et les vins italiens étaient à l'honneur, même si le Champagne avait un franc succès.
Don Fiore, immobile au bout d'une rangée de tables aux nappes immaculées, une coupe à la main, regardait avec attention l'attroupement qui s'était formé autour de Rose-Marie, la soprano de la chorale française. Il percevait, sans le vouloir bien sûr, des bribes de phrases, des compliments tous flatteurs sur sa voix, son sens de l'interprétation... sa beauté aussi.
En effet, elle avait l'air d'un Ange. Quand elle chantait, son visage s'éclairait d'une douce lumière et sa voix était d'une pureté ensorcelante.
— Elle est belle n'est-ce pas ?
— Francesca ! s'écria Don Fiore en se retournant, oh quelle joie de vous revoir !... Comment allez-vous ?... Vous semblez tout à fait rétablie...
— Tout à fait mon Père...
— Eh bien, portons un toast à votre voix ressuscitée ! Remercions le Seigneur...
Le tintement de leurs verres se mêla au brouhaha ambiant peuplé de rires et chuchotements...
Francesca, sublime dans sa robe à fleurs regardait le prêtre.
Il était beau, séduisant. Elle aimait son corps, son allure. Son charisme l'attirait si fortement qu'elle ne pouvait que se soumettre à la tentation...
Son élégance quand il portait la soutane en ville, un livre sous le bras, faisait battre son cœur. La collerette blanche qui entourait le cou du prêtre lui donnait un port de tête de danseur-étoile. On n'y voyait aucune arrogance, mais plutôt une grande bienveillance et un sentiment de confiance se dégageait de lui.
La puissance de ses bras lorsqu'il la saisissait par la taille et la serrait contre son torse nu la faisait défaillir. Ses mains douces et sauvages quand elles effleuraient son visage ou pétrissaient sa poitrine. Leur audace délicieuse, une fois glissées sous ses jupes. Sa poigne lorsqu'il attrapait ses cheveux et enfonçait sa queue dans sa gorge accueillante jusqu'à lui faire perdre le souffle...
Il savait aussi faire preuve de beaucoup de délicatesse quand il ouvrait les cuisses de la belle amante comme il ouvrait les pages des livres sacrés : avec douceur et application... Cuisses divines dont il n'hésitait pas à briser la reliure avec son sexe.
La jolie brune en était tout excitée... les pointes de ses seins en faisaient foi.
Elle aimait écouter sa voix chaude, grave, et fondait lorsqu'il entamait son homélie derrière sa chaire à la célébration de l'office du dimanche. Elle n'était d'ailleurs pas la seule à être troublée par le prêtre, les demandes de confessions affluaient certains soirs...
Cela dit, elle ne détestait pas l'entendre lui ordonner de relever sa jupe pour lui administrer une fessée d'après-confesse en guise de pénitence. Ce qui menait inexorablement à des ébats coupables, mais pardonables, qu'il fallait, en bonne pratiquante, confesser le dimanche suivant.
Du moins c'est ce que prêchait le prêtre.
"Repentez-vous et vous serez sauvés !"
Oui, mais pour se repentir, il faut avoir péché... alors faisons les choses dans l'ordre.
— C'est elle qui m'a remplacée n'est-ce pas ?
— Oui elle chante bien, tempéra Don Fiore.
— Elle a beaucoup de succès on dirait.
— Apparemment, répondit-il laconique.
Il avait beau ne rien vouloir laisser paraître de son attirance pour la sensuelle charmeuse, Francesca n'était pas dupe : il était sous le charme, lui aussi.
- Elle a une cour à ses pieds, les prétendants se bousculent...
Rose-Marie n'avait rien d'une Pénélope, elle aimait qu'on la courtise, qu'on la désire. Elle était experte dans l'art de susciter l'espoir chez la plupart de ses courtisans, et de l'entretenir à sa guise. Désirable à souhaits, elle multipliait les encouragements. Elle avait besoin de se sentir désirée.
Elle l'était indéniablement.
— Elle aussi est venue se confesser ? demanda Francesca. Elle aussi a eu droit à vos caresses sous ses jupes ? continua-t-elle.
— Mais je ne vous permets pas ! interrompit fermement l'homme d'église.
Il reprit d'une voix plus douce :
— Ne soyez pas jalouse. Le festival est fini. Elle repart demain à Paris, retrouver son mari je crois.
— Mais je ne suis pas jalouse... et je la trouve très jolie, murmura Francesca.
Elle porta un regard doux sur lui, lécha délicatement une moitié de la figue qu'elle venait d'ouvrir, tendit au prêtre l'autre moitié, et s'éloigna, nonchalante féline.
Comments