Elle était passée aux toilettes avant de prendre place dans la grande salle, et elle s’y revoyait, mais accompagnée de cet artiste. Ses longs doigts fins passant dans son pantalon pour aller cueillir son fruit juteux et en caresser la pulpe. Leurs bouches s’attrapant dans des baisers torrides. Son autre main caressant sa nuque avant de descendre sur un sein et de le masser tout en pinçant le bout. Doucement, puis plus fort, jusqu’aux limites de la douleur. Elle se voyait esclave de ses baisers, de son regard marron foncé, de l’aura qu’il dégageait, et de ses mains inquisitrices. Elle se voyait le pantalon baissé, ses fesses nues collées contre la paroi de la cabine. Son entre cuisse rasé offert à ses doigts, puis sa bouche récupérant son nectar brûlant, puis suçotant son petit noyau dur. Ses longs doigts écartant ses petites lèvres avant d'aller et venir en elle, chercher son point G jusqu’à le sentir du bout de ses phalanges et l’exciter de longues minutes. Jusqu’à un orgasme étouffé.
Sa rêverie fut interrompue par des applaudissements qui la firent revenir à la réalité. L’interview était finie. Elle applaudit à son tour, ne sachant pas ce qu’il avait débité. Heureusement qu'elle avait son dictaphone. Elle se leva, mit sa veste de tailleur noir, prit son sac à main où elle rangea ses affaires, jeta un dernier regard à cet artiste qui à nouveau la fixait tendrement, puis partit en lui lançant un sourire qui se voulait charmeur. Elle s’enferma dans une cabine aux toilettes et se passa une partie de l’interview. Elle reconnut avec bonheur la douce voix du musicien.
Mais l'audio se coupa d’un coup. En plein milieu d’une phrase.
Elle eut l’impression de recevoir une baffe.
— C’est quoi ce bordel ?! Se dit-elle
La mémoire de son appareil était pleine. Elle comprit qu’elle avait omis de supprimer sa précédente interview, elle l'avait en réalité copié et non pas coupé. Elle avait pris deux tiers de la mémoire. Elle blêmit. Elle se maudit d’avoir laissé son imagination divaguer et de ne pas avoir continué sa prise de note. Elle se disait que son patron n’allait pas pardonner une telle faute.
Elle avait envie de se taper la tête contre la cuvette ou de disparaître dans sa chasse d’eau pour atterrir dans les égouts de la capitale. À moins qu’elle attende qu’un concurrent balance le papier pour recopier ce qu’il avait écrit…
— Bon, t’as fais une connerie, assume ! T’as deux jours pour imaginer une excuse si jamais ton boss remarque que le papier est un peu flou sur certains points.
Elle sortit en continuant de pester contre elle-même. Elle avait le regard bas et agité. Le froid de la capitale lui fouetta le visage. Elle remonta son foulard jusqu’au nez et marcha rapidement vers la bouche de métro. C’est alors qu’elle entendit un « bonne soirée » derrière elle. Adossé contre un arrêt taxi, l’artiste était là. Habillé d’un épais manteau noir.
— B...Bonne soirée à vous aussi
— Vous allez bien ? Je vous sens agitée. Vous avez peur de rentrer seule ?
— N… Non non… Non c’est… ce n’est pas ça
— Alors quoi ? Quelque chose vous tracasse ?
Elle ne se voyait pas lui avouer qu’elle avait fantasmé sur ses mains excitant son point G pendant presque la moitié de l’interview. Elle rougit, puis répondit comme pour se débarrasser d’un acte honteux :
— Mon dictaphone m’a lâchée à la fin. Je n’ai pas eu la suite quand vous avez commencé à parler des dérives de la technologie à des fins de surveillance de masse.
Il eut un sourire plein de compassion. Comme un professeur devant une élève en pleine difficulté devant un exercice qu’il maîtrisait. Il lui prit doucement sa carte de presse, lut son nom, prénom, et magazine pour lequel elle travaillait. Il connaissait ce magazine.
— Je n’ai rien de prévu ce soir. Vous voulez une séance de rattrapage pour finaliser votre papier ? Ça restera entre nous. Sans prise de tête. On se mettra dans le salon avec de quoi grignoter et vous pourrez me poser toutes les questions que vous voulez. Si vous êtes libre, bien entendu.
Elle se serait jetée à ses pieds en lui disant mille fois merci de sa bonté. Et quand bien même elle aurait prévu quelque chose ce soir, elle aurait décommandé sur le champ. Elle ne put retenir un immense sourire sur ses lèvres dont le baume parfum rose avait largement pénétré la peau si sensible.
— Oh merci beaucoup. Vous êtes gentil.
— Le métier de journaliste n’est pas facile et les imprévus ne font aucun cadeau. Allez, le taxi ne devrait pas tarder. Et si vous voulez, je vous paie le trajet retour pour chez vous. Vous êtes dans quel arrondissement ?
— Dans le dixième vers Bonne Nouvelle.
— Je vous paierai un chauffeur, ça vous va?
— Très bien.
Le taxi arriva quelques minutes plus tard. Il lui ouvrit la portière et monta à sa suite. La journaliste avait l’impression de vivre un fantasme éveillé. Son cœur battait sous ses vêtements chauds. Le destin la conduisait vers une soirée qui restera gravée dans sa mémoire
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